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Bâtir le non-alimentaire

Eric Gazagnes, 44 ans, est aujourd'hui le spécialiste de la valorisation non alimentaire des productions agricoles, chez Euralis.

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Le moins que l'on puisse dire, c'est que les débuts professionnels d'Eric Gazagnes sont riches en expériences diverses : recherche et expérimentation dans plusieurs entreprises du Sud- Ouest, responsable de dépôt d'une petite coop, participation active au programme de la navette européenne Hermès chez un sous-traitant de l'aéronautique… Elles lui ont permis d'acquérir des connaissances variées qui allaient lui servir par la suite. Entré en 1992 comme TC à la coopérative de Muret, devenue rapidement Coopéval suite à sa fusion avec les Silos garonnais, Eric Gazagnes structure et segmente l'offre pour répondre aux besoins des adhérents et développe les cultures qualitatives sous contrat.

Après avoir été chef de région, puis directeur adjoint, il souhaite en 2002, « ajouter un peu de formalisme » à sa « démarche empirique » et intègre l'école Sup de Co Toulouse. Il obtient un master d'entrepeneuriat en 2005 après y avoir consacré congés, week-ends et RTT. Il est ensuite nommé directeur commercial et marketing de Coopéval.

Le début du chanvre

Cette même année, il propose une nouvelle idée aux adhérents de Coopéval : produire du chanvre pour répondre à la demande de l'industriel espagnol Agrofibra. De fil en aiguille, d'études de marché en recherches de fonds, il amène les deux structures à monter un joint-venture pour développer un outil de production sur le versant français des Pyrénées. Ce sera l'usine de première transformation de chanvre Agrofibre de Cazères (Haute-Garonne), inaugurée en 2008.

Parallèlement, fin 2007, Coopéval entre dans Euralis. Eric Gazagnes propose alors, à ce nouvel employeur, de développer les utilisations non alimentaires de ses productions, ce qui intéresse le groupe palois qui le nomme directeur du développement agricole. Ce poste l'amène à être en relation avec des chercheurs, et à trouver des industriels pour fabriquer les produits mis au point, et des utilisateurs finaux, tout en assurant la validité financière et juridique des projets et leur réalité sur le long terme. La question de la disponibilité de la matière première doit être posée dès le départ. Depuis, un brevet a été déposé pour la fabrication de blocs de construction à base de chanvre et un contrat vient d'être signé avec l'industriel SEAC Guiraud, pour leur fabrication.

Trouver le bon « timing »

Eric Gazagnes travaille aussi sur les biocarburants de 1e et 2e génération (Oceol et Prebiom), les biocomposites, les biomatériaux et a initié une démarche de développement durable chez Euralis, notamment la réalisation de bilans carbone. Il y a six mois, c'est la société Eurasun qui a été créée pour le développement des panneaux photovoltaïques et toute une ingénierie technique et financière a été mise au point pour développer des centrales de cogénération en biomasse. Enfin, on lui demande de donner son avis au sein du comité de valorisation de la biomasse de Coop de France ou dans le cadre de France Biomasse énergie. « Mon rôle est d'envisager des ponts entre des amonts et des avals potentiels. Mais travailler sur des filières qui n'existent pas encore, n'est pas toujours facile. Pour un projet réussi, dix tombent à l'eau. Si on a raison trop tôt, cela coûte très cher et si l'on arrive trop tard, la place est prise. L'important est de trouver le bon « timing », de bien analyser la situation et de garder les pieds sur terre, en toute modestie. »

Florence Jacquemoud

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